Est-ce une réaction ... Normale?

Bonjour,

Si je poste un message sur ce forum c'est pour trouver des personnes qui ont (ou ont eu) une réaction comme la mienne suite un abus. Je n'ai pas eu le temps de lire tous les posts par contre donc j'espère ne pas avoir créé le mien inutilement!

Je ne souhaite pas rentrer dans les détails mais voilà il se trouve que j'ai consulté une psychologue suite à "un viol" (dixit la police).
Quelques fois lorsque je suis en soirée, il m'arrive de... tomber. Suite à la fatigue, l'alcool (presque pas vu que je n'aime pas beaucoup l'alcool) ou la cigarette, je tombe tout court. J'entends ce que les autres disent mais je suis incapable de réagir. Ce n'est dû à aucune drogue et c'est, je sais, une réaction étrange. J'ai toujours fait attention à moi mais voilà des fois même les gens en qui on a le plus confiance vous trahissent. C'est dans un moment comme celui-là que quelqu'un a profité de moi.

Je me suis rendue compte par la suite que cela ne m'avait pas du tout touchée. Ma soeur a pleuré, mes amis ont été choqué et moi je m'en fiche. Et ce n'est pas un état de choc car cela fait maintenant plusieurs semaines que ça s'est passé. Ca ne me fait rien. Mon corps n'a pas bougé. Ca me laisse de marbre. Même pas le moindre cauchemar lié à ça.

La psychologue dit que je suis incroyablement détachée de mon corps ce qui fait que je ne ressens rien. Elle dit que ce serait dû éventuellement à une autre agression plus grave que j'aurais subie et dont je n'aurais plus souvenir. Quelque chose qui remonterait à l'enfance (elle pose ce diagnostic sur d'autres symptômes plus subtils). Comment cela puisse être possible ?

Merci d'avance pour vos réponses!

Aucune idée?

Désolée de répondre avec du retard, je n'avais pas vu que tu avais écrit... Désolée =S

Pour ce que tu ressens. Peut-être que simplement ton cerveau n'a pas encore "compris". Qu'il est dans la phase ou tu ne sais pas ce qu'il s'est passé exactement.

Je ne veux pas te demander les détails. Mais juste, te souviens-tu de ce qu'il s'est passé?

Ta psychologue a peut-être raison.
La vois-tu toujours?
Si oui, regarde avec elle pour savoir s'il y a qqch dans ton passé.

Si tu souhaite en dire plus, je suis là.

Déjà merci pour ta réponse.

Peut être, comme tu dis, que mon cerveau n'a pas encore compris. Je ne me sens pas victime. Mais en fait c'est peut être mieux comme ça? Quand je vois le mal que cela inflige aux personnes qui ont subies ça, je me dis que j'ai beaucoup de chance de ne pas réagir.

Je ne me souviens pas très bien de ce qui s'est passé, tout est flou.

Oui je vois encore cette psychologue et je peux lui demander de creuser plus mon passé, quoique je le fais déjà seule. Mais je me rends compte que ça pourrait expliquer pas mal de choses qui m'empêchent d'avancer aujourd'hui, et le fais de ne me souvenir de rien dans cette enfance me met très en colère! J'ai un corps complètement mort qui ne ressent jamais rien et je le déteste pour ça!

La psychologue dit que ça reviendra tout seul. Mais ça ne revient pas. Est-ce que tu connaîtrais des moyens pour faire revenir tout ça à la surface? Parce que mon cerveau est comme le reste: inutilisable.

De rien.

Peut-être que c'est mieu comme ça aujourd'hui.
Mais ça risque de venir après et te faire mal. On ne peut pas savoir.

Est-ce que tu voudrais parler de ce qu'il s'est passé? Penses-tu que ça t'aiderais? Que tu pourrais comprendre que tu es victime? Ou non?

Quand tu dis que tu ne ressens jamais rien, quand tu es contente, ris-tu? Quand tu es triste tu pleures? Quamd t es en colère tu t'enerve?
Je pense que tu ressens des sentiments. Mais que simplement tu te protèges inconsciemment par peur de souffrir. J'ai ça moi.

Je pense aussi comme ta psy. Que si ça doit revenir, ca viendra tout seul.
Maintenant, tu peux essayer d'écrire ta vie dans un sens. Tu peux prendre une feuille, et écrire depuis tes premiers souvenirs. Si ça t'aide regarde des photos pour te faire rappeler des choses.

je peux t'envoyer un mp?

Oui bien sur

Bonjour Julina,

Je te réponds un peu tardivement mais comme on dit mieux vaut tard que jamais.
Personnellement je me joins à l’avis de darkangel. Je pense aussi que si tu as le sentiment de ne rien ressentir pour le moment, cela ne veut pas dire que ça ne viendra pas plus tard. Et effectivement, le retour des souvenirs, des sensations et les divers blocages qui peuvent parfois se développer, ça fait mal, très mal. Alors oui dans un sens je comprends que tu aimerais y échapper. Mais d’un autre côté, maintenant que tu as un doute, penses-tu que tu pourrais vivre sans l’éclaircir ?

Quelque part, je crois que tu es déjà en chemin pour faire toute la lumière sur ton passé. Et si les craintes de ta psychologue sont fondées (je ne peux pas te dire si c’est le cas ou non, comme tu le disais très bien, elle a plus d’éléments pour juger et elle te connait mieux que moi, que nous toutes ici), prépare toi à encaisser des choses qui te feront inévitablement souffrir. Et si tu décides de poursuivre la fouille de tes souvenirs, je ne peux que te conseiller de t’armer autant que possible. En venant ici, c’est déjà un pas en ce sens. Mais en dehors de cette « virtualité », entoure-toi de personnes archi fiables, des piliers qui pourront t’épauler. Ta psychologue par exemple si vous avez un bon contact, une association proche de chez toi... Quelques ami(e)s aussi, mais en te rappelant toujours qu’il vaut mieux qu’ils soient peu nombreux mais sûrs. Car devant de telles épreuves, l’amitié devient soudain moins évidente : les gens se sentent souvent déstabilisés, ils ne savent pas comment aider, ils se sentent trop investis, ils prennent peur et ils fuient pour se protéger même s’ils tiennent encore à toi au fond… dans le meilleur des cas. D’autres te lâchent dès le début parce que ça les arrange de ne pas te croire… Et ça aussi c’est une sacrée épreuve. Idem pour ta famille.
Peut-être que de telles précautions ne se révèleront pas utiles en fonction de ce que tu découvriras. Peut-être qu’il ne s’est rien passé dans ton enfance, rien de si grave en tout cas, ce que je souhaite. Mais on ne sait jamais. De toute façon, je pense que derrière ce black-out que tu as, il y a bien quelque chose. Reste à savoir quoi.

Pour ce qui est du fait que tu ne te sentes pas « victime », excuse-moi de te contredire mais pour moi tu l’es, que tu le veuilles ou non. Au moins par rapport à ce que tu as subi suite à ce moment d’absence dont tu parlais et que la police a appelé « viol ». Aux yeux de la loi tu es victime. Maintenant, je pense qu’on a toujours trop tendance à coller une image réductrice derrière ce mot. Une victime de viol, ce n’est pas toujours quelqu’un qui s’isole, qui se lave 150 fois par jour, qui déprime, qui se fait du mal ou se suicide. Effectivement ce sont des réactions classiques. Mais classique ne veut pas dire universel ou inévitable. Certaines victimes de viol ne voient pas leur comportement habituel modifié. Certaines semblent évoquer ce qui leur est arrivé comme si elles parlaient de ce qu’elles avaient mangé la veille, continuent de rire de tout, de croquer la vie et de faire l’amour sans sursauter quand on les touche. Quelle que soit ta façon de réagir, elle n’est pas anormale ! Tout simplement parce qu’il n’y a pas de réaction normale. Tu imagines un mode d’emploi de la bonne réaction après un viol ? Non. Alors ne cherche plus, et tant pis si tes réactions ne collent pas avec l’image que se fait la société des victimes de viol. Tu ne vas pas feindre telle ou telle réaction pour plaire, pour te rendre plus crédible ou que sais-je encore. Reste vraie, reste toi.

Pour comparer avec ce que je connais, je peux te dire que moi non plus je n’ai pas tout de suite réagit de manière visible à ce qui m’est arrivé. Je ne vais pas te faire le détail ici, tu peux aller lire mon témoignage dans la section appropriée. Mais j’avais 10 ans quand « ça » s’est terminé. Et pendant un peu plus de 2 ans, j’ai vécu comme si de rien n’était. Je vivais comme une petite fille sans histoire. Pas de problème à l’école, pas plus d’isolement qu’avant, pas de comportements étranges qui auraient pu alerter quelqu’un… Je n’y pensais même pas ou en tout cas je n’avais pas conscience que j’y pensais. Oui je sais c’est un peu subtil. Et puis un jour, je crois que j’ai tout simplement pris conscience que ce que j’avais subi était un viol. Avant je n’avais pas compris, vive la naïveté enfantine quand on vit dans un environnement ou personne ne vous met en garde. Les premiers cours parlant de sexualité au collège, les débats en instruction civique sur les différentes formes de violence… et tout d’un coup un premier flash, un pressentiment. Puis de longues années durant lesquelles le souvenir se fait plus précis et se reconstitue dans toute sa réalité, processus qui s’accompagne malheureusement d’une souffrance terrible. Aujourd’hui, j’ai presque pu reconstituer tout le film et j’encaisse, je morfle. L’effondrement qui n’avait pas eu lieu à l’époque, c’est maintenant que je le vis, 15 ans après. C’est l’enfer ! Toute ma vie est bouleversée et mon équilibre n’a jamais été aussi instable. D’où ma présence sur ce forum car comme toi j’ai besoin d’aide.
Alors quoi que tu décides, quoi que tu apprennes, je te souhaite de tout cœur d’être courageuse. Si tu le souhaites, tiens-nous au courant de tes avancées. N’hésite pas à nous parler de tes doutes, tes peurs, tes joies aussi. On est ici pour s’entraider.

A bientôt !

Merci miaou1988 (et peu importe si c'est "un peu tard")!
Je suis d'accord avec ce que tu dis et je suis désolée pour ce qui t'es arrivée. Je comprends que tu sois si "déséquilibrée" en ce moment et que tu en souffres. J'espère ne pas te choquer, il ne faut vraiment pas le prendre mal mais c'est limite si je t'envie. Dans le sens où pour toi la vérité a refait surface et en fait je suis sure que quelque part tu ressens un soulagement (non?). Parce que d'après ce que je lis tu as du inconsciemment garder ça pour toi. Maintenant tout réapparaît donc c'est dur mais ça s'extériorise! Ce premier flash dont tu parles, ce pressentiment, je le veux! Pour moi, ta prise de conscience est saine et positive même si tu tombes de haut. C'est le premier pas vers la guérison. Moi quelque chose me pèse sans savoir à quoi ça correspond (un viol dans l'enfance? Ou autre chose?). Des fois ça pèse tellement que ça fait mal, physiquement parlant. Et je ne me sens pas comme les autres, en décalage. Combien d'années vais-je rester comme ça? Je veux en être à ton stade et ensuite pouvoir me faire consoler par mes proches car en attendant je suis juste la fille capricieuse et tristounette, sans plus.

Je pense comprendre ce que tu ressens Julina. Et si c’est ce que tu veux, j’espère de tout mon cœur que tu vas retrouver les souvenirs qui te manquent. Parce que comme toi je pense que je ne supporterais pas de vivre avec un point d’interrogation si énorme. Effectivement tu as raison, quelque part éclaircir le mystère a été un soulagement, même si c’est aussi source de tourments.

Je sais que quand tu dis que tu m’envies, ce n’est pas la souffrance que tu envies, c’est le fait de savoir. Parce que oui, une fois que tu sauras contre quoi tu devras te battre, tu pourras choisir les bonnes armes et je l’espère finir par être victorieuse. En ce moment c’est comme si tu te battais à l’aveugle, sans savoir qui est ton ennemi, ni où ni quand il va surgir pour frapper. Et c’est sûr que ça doit finir par être vraiment insupportable.

Alors n’abandonne jamais ! Cherche, seule ou avec ta psy mais fouille partout où c’est possible. Pose des questions à ta famille et tes ami(e)s d’enfance sur comment tu étais petite, ce que tu avais l’habitude de faire, les gens que tu voyais, les bêtises que tu faisais… La moindre anecdote, même si elle ne te semble a priori pas « utile » pour ta recherche peut se révéler cruciale. Regarde des photos, tes cahiers d’école si tu les as encore, tes agendas… Je pense à ça parce que personnellement quand je retombe sur mes anciens cahiers ou agendas il y a toujours par-ci par-là des trucs que j’écrivais dans les marges, des états d’âme sur feuille volante que je glissais dans mes livres, des petits mots des copines avec qui on se racontait tout…ou presque. Et ça peut t’aider je pense.

Bonne chance, je te soutiens !

Merci beaucoup pour ton soutien! Je continue de chercher même si je n'ai plus beaucoup de souvenirs :/. Je viens de recontacter via FB une copine de l'école primaire et elle vient de me répondre! Sait-on jamais elle pourra m'inspirer ces fameux souvenirs...

Sinon je suis allée voir un post de toi. Juste pour connaître un peu ton histoire. Ton "ange", tu sais c'est marrant j'en ai un aussi . Sauf qu'il ne me parle jamais et que je ne le vois que très rarement. Mais c'est mon ange aussi!

Bonne chance à toi aussi!

Ah oui c'est vrai c'est marrant! Un point commun!

Je ne sais pas quelle relation tu as avec ton ange, pourquoi tu ne le vois que rarement, pourquoi vous ne vous parlez pas... Mais s'il est aussi formidable que le mien, je t'encourage à faire un pas de plus vers lui. Si ce n'est pas possible physiquement, pourquoi pas par mail, courrier ou téléphone. Enfin si ça vous convient à tous les deux. Et puis ce n'est peut-être pas si simple que ça. Si tu veux m'en dire un peu plus, n'hésite pas.

Tu sais dans mon cas, mon ange est vraiment le fil qui m'accroche à la vie. Il me donne des forces pour me battre, rester moi-même quitte à ce que ça ne plaise pas aux autres. Et il me fait sourire, jusqu'aux oreilles ! Parfois je dois vraiment avoir l'air complètement gaga  

L'histoire est compliquée. Pour faire court, c'est le meilleur ami de ma grande soeur. Je le connais depuis que j'ai 18 ans et je ne le voyais qu'aux trop peu de soirées où j'étais invitée. Il ne m'a jamais bien parlé, il se moquait totalement de moi. Mais moi je l'ai toujours aimé dans tous les sens du terme. Il y a un an, il a rompu avec sa copine et j'ai pris contact avec lui car on était étudiants dans la même ville. On s'est vu quelques fois et je lui ai avoué ce que je ressentais pour lui par mail. Il a été incroyable. Gentil, doux, compréhensif, patient, intelligent. Mais il ne voulait pas sortir avec moi. Il s'est ensuite remis avec son ex et a arrêté de me parler. A cause de son ex qui ne m'aime pas ou parce qu'il veut que je réussisse à l'oublier. Maintenant au quotidien il est une sorte d'ange gardien qui me protège des autres et que j'imagine à mes côtés, bien qu'il soit en réalité à plusieurs centaines de km de moi^^. Malheureusement, il ne laisse pas vraiment de place pour les autres hommes dans mon coeur :/.