Mon grand frère m'a toujours dit que la "justice" était là pour défendre les agresseurs et non les victimes. Je peux vous dire que j'ai très bien compris ce qu'il voulait dire lorsque j'ai posé plainte!
J'y suis allée directement le soir d'après, après mes partiels et heureusement le flic qui a retranscrit mon histoire était très compréhensif. C'est quand mon dossier est passé entre les mains de la Brigade des Moeurs que tout est partie en cacahuète. Déjà, le temps qu'ils me contactent ça a pris beaucoup de temps, il était clair que je n'étais pas une priorité et ils ne se sont pas gênés pour me le dire régulièrement.
Déjà avant même de me rencontrer, ils étaient persuadés que je mentais et que je les "prenait pour des cons" comme ils disaient. Parce que oui, ils étaient 3 dans le bureau à me hurler dessus des choses comme "Vous êtes coupable", "vous êtes la définition même de la fille facile!", ou "avouez, vous le vouliez un peu quand même!" Le pire c'est quand ils ont appris que j'étais musulmane, ils m'ont convoqué exprès pour me poser un tas de questions sur des choses qui n'avaient rien à voir avec mon viol comme "Vous allez à la mosquée? vous faites partie d'une secte? Vous rencontrez des gens sur des forum dangereux?" Bref, au final ils ont conclu que si je portais plainte c'était pour "laver mon honneur et ainsi etre digne pour mon mari" MAIS WTF?! C'est quoi tous ces préjugés?! Pour conclure notre entretient, ils m'ont demandé le nom de mon professeur principal en disant "On aura des choses à lui raconter tient.." avec leurs petits rires sadiques. Enfin, en me raccompagnant a la sortie ils me confient que c'est très mal partie pour moi et que ça peut très bien déboucher sur une accusation pour dépôt de faits imaginaires... Donc c'est moi qui serait accusée par la "justice"?!
J'ai finalement décidé de retirer ma plainte car si mon viol m'a brisé, les flics eux m'ont démolis par dessus en réussissant à me convaincre que je suis réellement coupable. D'autant plus qu'ils voulaient contacter ma famille pour tout leur raconter contre mon avis afin de dresser un portrait psychologique. Aujourd'hui, après 1 mois, je suis toujours dans l'attente pour savoir si ma plainte est belle et bien interrompue, je n'ai rien récupéré des affaires que je leur avait confié pour les prélèvements ADN, mon agresseur a à peine reçu un coup de téléphone et loge toujours chez mon voisin... donc depuis 3mois je suis hébergée par une amie puisqu'ils n'ont rien fait pour l'éloigner de moi.
On dit souvent qu'on regrette si on ne porte pas plainte, dans mon cas ça a été l'inverse.